THEATRE DU CAMPUS - 40 ans de théâtre action

In Lettre d’information de Culture et Démocratie (mai-juin)

Biot, Paul (coordination) – Compagnie du Campus 1970/2010, quarante ans de théâtre-action – Cuesmes-Mons (Belgique), Editions du Cerisier, Collection « Place publique », 2010, 257 pages, ISBN : 2.87267.146.3

Présentation : il s’agit de l’édition originale en langue française d’un ouvrage collectif publié à l’occasion du quarantième anniversaire du théâtre du Campus (Belgique). Le comité de rédaction est composé de Paul Biot -qui coordonne l’ouvrage-, Laure Heymans, Patou Macaux, Giovanni Orlandi, Paul Biot, en tant que directeur du Centre du théâtre-action, a déjà dirigé la réalisation de deux ouvrages publiés dans la même collection « Place publique », consacrés au Théâtre action, respectivement « de 1985 à 1995, itinéraires, regards et convergences », publié en 1996, aujourd’hui épuisé et « de 1996 à 2006, théâtre(s) en résistance(s) », publié en 2006. L’équipe de rédaction du Campus y avait collaboré par de nombreux articles.
La présente monographie, consacrée à quarante années de travail théâtral de la compagnie du Campus, comporte également des contributions d’Armand Gatti, Georges Haine, Bernard Foccroulle, et de nombreuses citations choisies qui offrent des mises en perspectives utiles, parmi lesquelles Henry Ingberg, Jean Hurstel, Olivier Neveux, Marc Leverato, etc. Organisé autour de dix thèmes, l’ouvrage alterne d’un côté, des fiches historiques relatives aux spectacles et à leurs clés d’interprétation – c’est le côté « bonne mémoire » de l’initiative –, et de l’autre, des articles de réflexion de fond consacrés à l’action, à la formation et au métier – ils ouvrent des espaces où évaluer les acquis, où déployer les enjeux. Format carré, une mise en page régulière et dense qui préserve une lisibilité fonctionnelle, un caractère confortable, reliure au fil, prix annoncé : 18 euro. –

Commentaire : Un bon livre fait autant qu’un bon décret ! Pas nécessairement « mieux », qui oserait y prétendre ? Mais « autrement », et ce n’est pas rien ! C’est une vérité connue de tous : le décret ne fait pas la pratique. Et pourquoi ? Alors, le livre offre un complément de réalités auxquelles le droit ne saurait atteindre. Si l’un institue la reconnaissance, le cadre et le soutien à l’art, l’autre offre l’élan, l’épaisseur et la visée du geste de cette pratique créatrice dans la société humaine. Ici un art créateur d’autres pratiques sociales. On tirera du décret des procédures, des garanties voire même autant d’emplois, autant d’écots et d’argent. Le livre par son ouverture dévoile l’essence cachée ; elle est d’or ! C’est elle que le décret convoque sans jamais y contraindre parce que ses nécessités et ses exigences professionnelles sont tendues d’une autre nature : elles soufflent dans les esprits, elles enflent les cœurs, elles battent le pouls et le pavillon du terrain ; elles chevauchent l’imaginaire haletant de celles et ceux qui s’y consument. Paradoxalement, la pratique n’est jamais codifiable ; elle ne se laisse saisir par aucun règlement. Peut-être parce qu’elle s’arque aux arguments et aux faits (les problématiques) où se forge et se joue en permanence la singularité d’un métier : ici et maintenant depuis quarante années, le théâtre-action. Les fiches de spectacles assument leur fonction historique ; elles donnent à (re)découvrir quelles réalités animaient les animateurs-fondateurs, -continuateurs, -rénovateurs. Les articles de fond dévoilent les arcanes du rapport aux populations invitées à se constituer « publics », de la dramaturgie et de la création, de l’écriture théâtrale et de l’écriture en atelier, de la formation. Qu’est-ce donc que ce métier ? Aussi, un appel à la solidarité entre enseignants et comédiens animateurs pour résister aux formes culturelles de la domination économique mondiale. Pratique d’atelier : « L’animateur fait circuler la parole, son oreille entend les non-dits, son œil voit l’invisible. (…) il est des histoires qui pèsent et qui encombrent parce qu’elles sont de l’ordre de l’irréparable pour qui les a vécue ou qui les vit. A quelle part de revendication collective peuvent-elles être utiles ? A quel universel renvoient-elles ? L’animateur amène à clarifier, à nommer, à définir, à analyser, à questionner collectivement, tout en laissant place à la singularité des êtres et des événements. » (page 155). Le livre contient un très grand nombre de propositions méthodologiques utilisables par toutes celles et tous ceux qui s’intéressent à « se dégager du désordre mondial », par l’action théâtrale et plus largement culturelle locale et internationale. En troisième partie, diverses ressources documentaires utiles. [Mons (Belgique), Roland de Bodt, le 15 mai 2011]

Publics concernés : animateurs culturels et socioculturels, enseignants, artistes, journalistes, bibliothécaires, formateurs, délégués syndicaux, bénévoles et militants d’associations et de mouvements sociaux.
Mots clés : Action culturelle et sociale, atelier d’écriture, atelier théâtre, comédiens-animateurs, création artistique, création collective, Jeune théâtre de l’ULB, Théâtre-action, Théâtre d’agit-prop’, Théâtre contemporain
Adresses web des éditeurs : www.editions-du-cerisier.be
Contenu : Comme il vous plaira … de lire (8) – Première partie : Préfaces (11) – Deuxième partie : Réflexions et angles de vue (17) – Les fondations : de 1965 à 1985 (19) – L’enjeu politique (43) – Le rapport aux publics (65) – De la création collective en atelier (89) – De la dramaturgie en atelier de théâtre-action (111) – Esthétique ou esthétisme ? (131) – Le métier (153) – La formation, exigences et ambiguïtés (177) – A travers l’école et la culture (203) – Alliance d’ailleurs (225) – Troisième partie : pour en savoir plus (232)